vendredi 15 avril 2011

Le cas ivoirien transposé à la France


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Il y a cinq ans, le journaliste franco-camerounais Théo Kouamouo, pour faire comprendre à l’opinion française la crise ivoirienne, implantait les événements survenus en Côte d’Ivoire dans un décor français. Un texte toujours d’actualité. Lisez plutôt:


« Par une nuit incertaine, Paris est attaquée par des centaines deterroristes lourdement armés qui détruisent tout sur leur passage. Ilstuent méthodiquement des dizaines de militaires dans leurs casernes.Ils assassinent dans sa voiture Jean-Jacques Goldman, le compositeurde génie, qui rentrait de studio un peu trop tard. Ils attaquent lesdomiciles des plus hauts gradés de l’armée, bombardent la résidence de Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, et la ratent de justesse, font passer de vie à trépas Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur en le criblant de dizaines de balles.
Chassés jusqu’à Lyon par l’armée française, ils affirment être desFrançais d’origine maghrébine qui se sont révoltés en raison desdiscriminations de toutes sortes dont ils sont l’objet de la part desFrançais de souche. Arrestations et brimades policières arbitraires,recrutement au faciès, déclarations scandaleuses des dirigeants sur le « bruits et l’odeur » des immigrés, blocage de toutes les possibilités de vote pour les étrangers même aux municipales, loi interdisant le
voile islamique à l’école… Face à tout cela, ils ont pris les armes !
La France, hébétée, fait appel à l’Union européenne et à l’ONU, toutgênés. L’Union européenne fait une pétition de principe mais demande àParis de négocier avec les terroristes. La presse algérienne vilipende la France, Abdelaziz Bouteflika annonce que Jacques Chirac seracondamné par la Cour pénale internationale et envoie armes etmercenaires aux insurgés. Pendant que l’Union européenne et les Etatsméditerranéens tentent de trouver une solution, la puissante Amériquedécide de s’ingérer dans le dossier. Elle convoque tous les partispolitiques français mais aussi les insurgés à une consultation àWashington. Là-bas, au lieu d’admonester les terroristes, elle demande à Jacques Chirac de les intégrer dans son gouvernement, de nommer un premier ministre « neutre » ais d’origine maghrébine qui aura la totalité de ses pouvoirs à lui – y compris les sacro-saints domaines réservés de la diplomatie et de la défense -, de nommer les
chefs du mouvement insurrectionnel ministres de la Défense et del’Intérieur, de donner trois-quarts de son gouvernement à l’oppositionmilitaire et armée – y compris à des terroristes ne sachant ni lire niécrire -, de désarmer l’armée française en même temps que les bandes
terroristes, de naturaliser des millions d’Algériens, notamment ceux qui, au moment des indépendances, avaient préféré devenir citoyens de leur pays plutôt que de la Métropole… L’Amérique se propose quant à elle de s’interposer entre le gouvernement de Jacques Chirac et les
terroristes, et d’empêcher ainsi toute reconquête de l’intégrité territoriale de la France, d’ici à ce Chirac « cède » aux demandes des insurgés…pour la paix ! Inimaginable en France ? Et pourquoi donc ? Pourquoi imposer à un pays africain qu’on disait le plus moderne et le plus évolué de nos anciennes possessions ce que nous n’aurions jamais fait, ce que nous avons d’une certaine façon refusé il y a plus de cinquante ans en plébiscitant la Résistance la résistance plutôt que
la collaboration face à l’Allemagne nazie et conquérante ? »

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